Dans Le Marais aux pieuvres, Pauline Parent explore les méandres de l’éco-anxiété à travers un récit intimiste et troublant. Le roman nous plonge dans la vie de Virginie, infirmière en pédiatrie dans une petite ville dominée par une raffinerie inquiétante et un marais mystérieux. Tandis que les enfants meurent de manière inexpliquée, Virginie, enceinte et en proie à des cauchemars, trouve une échappatoire dans ses observations des pieuvres qui peuplent le marais. Ces créatures deviennent pour elle une métaphore de protection et d’espoir, dans un monde où tout semble s’effondrer.
Un cadre pesant et une atmosphère oppressante
L’ambiance du roman est lourde, presque suffocante. Pauline Parent enferme le lecteur dans une petite ville asphyxiée par la présence massive de l’industrie et l’indifférence des habitants face à la catastrophe qui se profile. Les pensées de Virginie, omniprésentes, ajoutent à cette sensation d’enfermement. Le récit ne propose pas vraiment d’intrigue : dès le départ, on devine les tenants et les aboutissants. Cela m’a donné envie de secouer les personnages, de leur dire de fuir, de réagir. Mais au lieu de cela, ils s’enlisent dans leurs routines et leurs anxiétés, renforçant ce sentiment d’impuissance.
Une descente dans les méandres de l’éco-anxiété
Le roman est porté par l’état émotionnel de Virginie, qui oscille entre une sensibilité presque poétique et une folie latente. J’ai apprécié son grain de fantaisie au début : sa manière unique de percevoir le marais, les pieuvres et ce qu’elles symbolisent pour elle. Mais au fil de l’histoire, son plongeon dans l’anxiété devient pesant. À mesure qu’elle sombre, le roman perd de cette fraîcheur initiale pour s’enfermer dans une boucle d’angoisse, sans vraiment offrir de perspective ou de répit.
Un style immersif, mais un récit statique
Pauline Parent a un talent indéniable pour décrire les sensations et les paysages. Le marais, avec ses algues et ses pieuvres, est décrit avec une telle minutie qu’on peut presque le sentir, le toucher. Cependant, cet ancrage sensoriel ne suffit pas à compenser le manque de dynamique du récit. L’absence d’action ou de révélation marquante m’a laissée sur ma faim : j’aurais aimé être surprise ou transportée par une intrigue plus construite.
Un regard original mais difficile à apprécier pleinement
Ce qui distingue Le Marais aux pieuvres, c’est l’originalité de son prisme : une vision écoféministe qui mêle le réel et le fantastique. Le roman soulève des questions pertinentes sur notre rapport à l’environnement et sur la manière dont l’anxiété climatique peut transformer nos perceptions et nos relations. Malheureusement, cette réflexion m’a semblé trop étouffée par le choix narratif d’enfermer le lecteur dans la psyché de Virginie. Si certains trouveront cela immersif, pour moi, cette expérience n’a pas été particulièrement plaisante ou enrichissante.
En conclusion
Le Marais aux pieuvres est un premier roman audacieux et intrigant, mais aussi déroutant et parfois pesant. Si j’ai apprécié le grain de folie et la sensibilité du personnage principal au début, son basculement complet dans l’angoisse m’a semblé répétitif et peu engageant. Cela reste une lecture intéressante pour son approche sensorielle et sa réflexion sur l’éco-anxiété, mais qui ne m’a pas totalement convaincue. Une expérience à tenter si l’on aime les récits psychologiques denses et les atmosphères étouffantes.
- Auteur : Pauline Parent
- Date de sortie : 22 février 2024 / 256 pages
- Editions : La Singulière
Je ne savais pas qu'on pouvait trouver des pieuvres dans les marais. Bon, dommage, ça semblait prometteur.
RépondreSupprimerOn ne peut pas ; la narratrice les imagine.
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