Une plongée dans les questions éthiques et identitaires grâce à la science-fiction
Dans le cadre d’un parcours de découverte de la science-fiction avec mes élèves, j’ai choisi de leur lire Papa, maman, mon clone et moi de Christophe Lambert. Ce court roman s’est révélé une excellente porte d’entrée vers des questions fondamentales. Les élèves, une fois encore, ont été captivés pas seulement par l’histoire mais par les perspectives qu’elle ouvre.
Un récit simple et pourtant
À première vue, le roman joue sur des ressorts familiers : une cellule familiale, un secret, un enfant confronté à une vérité qui bouleverse ses repères. Pourtant, très vite, l’intrigue nous entraîne sur un terrain bien plus profond. Le clone Charly 2 n’est pas qu’un double biologique : il devient un miroir éthique et une énigme identitaire.
Le livre a permis aux élèves de découvrir ce qu’est un clone, non pas en tant que simple copie génétique, mais en tant qu’être en puissance, porteur de droits, de désirs et de conscience. Cette découverte a suscité des échanges riches : a-t-on le droit de « fabriquer » un être humain pour en disposer ? Qu’est-ce qui fait qu’on reconnaît l’autre comme un égal ? Est-ce le corps, l’expérience, les sentiments, la reconnaissance sociale ?
Une société technologique et déshumanisée ?
Le roman aborde aussi le thème de la technologie envahissante : ici, l’implantation de puces dans le cerveau est une solution présentée comme efficace et presque banale. Or, cette banalisation de la surveillance et du contrôle technologique a fait réagir les élèves. Plusieurs se sont spontanément demandé si cela était possible et comment.
Le regard que porte le texte sur cette société est d’ailleurs critique sans être caricatural. Il ne s’agit pas d’un monde violent ou dystopique au sens strict mais au contraire d’un monde qui a troqué ses valeurs fondamentales : l’empathie, le respect du vivant, contre la sécurité, le confort et la conformité. Et cela, les élèves l’ont perçu.
Une éthique à hauteur d’enfant
Ce qui m’a frappée, c’est la justesse avec laquelle les élèves ont réagi aux dilemmes moraux du livre. Certains ont exprimé leur malaise face à la manière dont les adultes décident. D’autres ont éprouvé de la compassion pour Charly 2, laissé à l’écart, tenu en réserve, comme un simple "produit ".
En fait, ils ont perçu ce que l’auteur suggère : l’humanité d’un être ne dépend ni de son statut légal, ni de son origine biologique. Elle dépend de notre capacité à le reconnaître et à l’accueillir dans la communauté des vivants. Et cela, dit le livre, ne va plus de soi.
En somme, Papa, maman, mon clone et moi est un excellent support de réflexion en classe : il ouvre des questions de société, de morale et de science avec finesse, tout en restant parfaitement lisible par des élèves de cycle 2. Lire de la science-fiction avec des enfants, ce n’est pas fuir le réel : c’est au contraire leur donner les outils pour le penser autrement.
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