Tome 2 du Cycle des Robots : Une plongée surprenante dans l'humain et la machine

 

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J’ai récemment terminé le tome 2 du cycle des robots d’Isaac Asimov, et laissez-moi vous dire, c’est une lecture qui ne laisse pas indifférente ! Ce recueil de nouvelles, à la fois audacieux et parfois déroutant, m’a amenée à repenser notre rapport aux machines et, surtout, à questionner ce qui fait de nous des êtres humains.


Dès le début, avec Le robot AL‑76 perd la boussole, on se retrouve face à un robot qui, en décalage complet avec son environnement, nous fait rire tout en nous rappelant combien le monde peut être absurde. Pourtant, malgré l'humour et l'originalité de l’idée, certaines incohérences, notamment dans la réaction des humains face à ce robot désorienté, m'ont interpellée. Pourquoi, dans une ère où la technologie est omniprésente, des personnages paniquent-ils à la vue d’un robot destiné à être pacifique ? Ce décalage entre la logique robotique et la réaction humaine me paraît révélateur des anachronismes qui, parfois, laissent présager que même le grand Asimov n'échappent pas aux travers de son époque.


Puis vient Victoire par inadvertance, où l'aveuglement des Joviens, tout à fait caricatural, nous pousse à réfléchir sur l'arrogance humaine face à une intelligence mécanique toujours plus calme et rationnelle. Cette histoire, par son humour et son côté absurde, m'a fait sourire tout en me rappelant combien l'humain peut être prompt à se surestimer.


Première loi, quant à elle, m’a offert un véritable dilemme éthique. Ici, le robot Emma, en allant à l’encontre de la loi qu’on lui a imposée au nom de la maternité, nous force à repenser les limites des Trois Lois. Ce basculement soulève la question cruciale de savoir si, en permettant aux robots d’évoluer, de développer ce qui pourrait ressembler à des émotions, nous ne sommes pas en train de redéfinir les règles mêmes de leur existence. C’est fascinant d’imaginer un futur où nos outils les plus avancés ne seraient plus de simples exécutants, mais des entités capables de véritables réflexions.


Dans Assemblons-nous, l’idée d’unir les forces – humaines et robotiques – est explorée, mais c’est bien sûr avec un certain recul critique. Même si j’ai aimé l’approche, je dois avouer que je suis restée un peu en dehors de cette dynamique, peut-être parce que la construction des personnages et l’intrigue ne m’ont pas totalement happée. Et pourtant, c’est toujours enrichissant de voir comment Asimov bouscule les codes habituels en imaginant une symbiose improbable entre deux mondes.


Risque et Lenny continuent sur cette lancée en confrontant nos certitudes. Dans Risque, la tension d’un huis clos avec des enjeux cruciaux m’a tenu en haleine, même si quelques incohérences persistent quant à la capacité du robot à diagnostiquer une panne ou à répondre à un nouvel ordre. Et dans Lenny, le personnage attachant du robot – presque enfantin dans son comportement – me rappelle combien l’évolution des machines pourrait, un jour, nous amener à remettre en question la frontière entre outil et compagnon.


Enfin, Le correcteur m’a profondément marquée. Ce professeur, initialement perçu comme l’archétype du personnage détestable, se révèle être un fervent défenseur de notre spécificité humaine. Son radicalisme est à la fois fascinant et inquiétant, nous poussant à réfléchir sur ce que nous risquons de perdre en déléguant trop à la technologie. À travers ce retournement, Asimov nous offre un miroir aux alouettes : dans notre quête de perfection technologique, ne sommes-nous pas en train d’abandonner l’essence même de notre humanité, notre créativité, et notre capacité à évoluer par nous-mêmes ?


Pour moi, ce tome 2 n’est pas simplement une succession d’histoires de science-fiction, c’est une véritable invitation à la réflexion. Il nous pousse à nous questionner sur l’avenir de nos interactions avec la technologie : faut-il toujours se fier aux machines ou prendre le temps de mesurer, de préserver et de cultiver ce qui fait de nous des êtres humains ? Et si l’on apprenait, comme à « réapprendre à marcher », à prendre du recul pour mieux intégrer la technologie sans en devenir dépendant ?


En fin de compte, Asimov, avec toute sa clairvoyance, continue de nous enrichir de ses questionnements intemporels. Le tome 2 du cycle des robots est un vibrant appel à l’équilibre, un rappel que même dans un monde en perpétuelle évolution, il ne faut jamais perdre de vue notre humanité.


Voilà, c’était mon petit tour d’horizon du tome 2, une lecture qui, malgré ses imperfections, reste un formidable terrain de réflexion pour l’avenir de nos interactions avec la technologie. 



2 commentaires

  1. J'avais lu quelques nouvelles du cycle des Robots il y a une lointaine époque, peut-être le tome 1, mais ça ne m'avait pas transcendée à ce moment-là. Tu me rends quand même curieuse du tome 2. Peut-être que je suis plus mûre pour ce genre d'histoires.:)

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  2. C'est vrai que le cycle des robots a commencé par des nouvelles sur ce thème, dont les liens entre elles n'étaient guère que quelques personnages réapparaissants parfois (Susan Calvin, Powell & Donovan...), avant de passer à des romans plus longs... J'aime bien ses nouvelles. Il ne fait pas oublier que quand il a commencé à les a écrire, l'informatique balbutiait, et il était réellement dans l'anticipation...
    Je pense que lIA aurait bien besoin de "garde-fous" aussi restrictifs que ses fameuses "lois de la robotique"!
    (s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola

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