J'ai le regret d'entrer en discordance avec l'ensemble de la blogosphère, presse et autre toutim pour vous dire que j'ai détesté ce livre. Je ne fais pas dans la demi-mesure et je ne vais pas m'excuser d'être quelqu'un de passionné. Pire, je l'ai abandonné à la moitié tellement cela devenait imbuvable.
Étonnamment, il avait des chances de me plaire ; tout était en place : une idylle adolescente dans la vallée où j'ai moi même passé mon adolescence à quelques années près. Un auteur qui prenait enfin la peine de se pencher sur ce lieu mémorable. Seulement voilà, je veux bien m’accommoder de fiction mais déformer à ce point la réalité et se jouer à ce point de ce qu'elle est et de son essence n'est pas entendable pour moi !
Étonnamment, il avait des chances de me plaire ; tout était en place : une idylle adolescente dans la vallée où j'ai moi même passé mon adolescence à quelques années près. Un auteur qui prenait enfin la peine de se pencher sur ce lieu mémorable. Seulement voilà, je veux bien m’accommoder de fiction mais déformer à ce point la réalité et se jouer à ce point de ce qu'elle est et de son essence n'est pas entendable pour moi !
Les raisons qui me l'ont fait détester ?
Un lecteur qui lira ce livre se construira des images mentales à mille lieux des paysages réelles de cette vallée ! Je vous mets quelques photos que j'y ai pris vous comprendrez tout de suite.
Le racisme de cette population ... Oh oui il existe mais j'ai maintenant l'avantage de vivre et travailler dans une campagne où il est aussi bien ancré que là-bas et où j'ai entendu les pires propos racistes de ma vie. L'avantage pour moi d'avoir été à l'école avec des enfants issus d'autant de nationalités différentes et d'avoir suscité une ouverture d'esprit que je n'aurai peut être pas eu ... Bref on est un peu à l'opposé de ce qui est écrit, le pire c'est quand il parle de racisme chez les jeunes.
Les marocains vivent dans des HLM et forment des bandes. Alors là, plus stéréotypé que ça tu meurs. ! Les étrangers dans la vallée de la Fensch mon cher Nicolas sont souvent des enfants d'italiens, et polonais et les bandes qu'on y croisait était des bandes de français. Non pas qu'il n' y ai pas eu des enfants d'algériens ou marocains mais ceux que je connaissais vivaient dans des pavillons. Il faudra m'expliquer !
Pire ce cher auteur veut se faire fi de la mémoire ouvrière car elle complexe celui qui n'en a pas fait parti. C'est du narcissisme ou de la connerie ? Qu'il veuille montrer que la vallée de la Fensch est autre chose que la mémoire ouvrière d'accord mais qu'il l'annihile c'est faire perdre toute son essence à ce lieu. Même si je n'ai pas travaillé comme ouvrière dans cette vallée et suis professeur à présent il n'empêche que cette vie, ces paysages, cette mentalité, ... m'ont marqué bien plus surement que tout autre chose. C'est le seul endroit dont je dis que c'est chez moi alors que je vis à présent à l'Ouest après avoir vécu dans plusieurs régions de France. Le seul endroit qui ait cette capacité de te marquer au fer rouge et te formater à vie. La rouille, la fumée, l'odeur, les ruines, la poussière, le noir et pourtant dans tout cela la poésie de ce monde évanoui, une beauté à nulle autre pareil. Alors utiliser une idylle adolescente où il faut attendre le moment où l'ado, héros de ce livre réussira enfin à se taper l'autre ado n'est pas possible et tout ça au milieu d'un paysage verdâtre ou jaune colza ... Alors parler des années 90 en citant une ribambelles de marques quand la plupart n'avait pas de quoi se les payer, comme lien entre ces ados et témoins d'une époque ...
C'est n'importe quoi !
Pour avoir une idée de ce qu'est la vallée de la Fensch, il suffit d'écouter Bernard Lavillier qui l'a très bien chanté ou même de lire les paroles qu'il a écrit sur cette vallée :
Viens petite sœur au blanc manteau
Viens c'est la ballade des copeaux
Viens petite girl in red blue jean
Viens c'est la descente au fond de la mine
Viens donc grande shootée du désespoir
Viens donc visiter mes laminoirs
Viens donc chevaucher les grands rouleaux
Et t'coincer la tête dans un étau
Viens petite femme de St-Tropez
Nous on fume la came par les cheminées
Et si le bonheur n'est pas en retard
Il arrive avec son gros cigare
Viens c'est la ballade des copeaux
Viens petite girl in red blue jean
Viens c'est la descente au fond de la mine
Viens donc grande shootée du désespoir
Viens donc visiter mes laminoirs
Viens donc chevaucher les grands rouleaux
Et t'coincer la tête dans un étau
Viens petite femme de St-Tropez
Nous on fume la came par les cheminées
Et si le bonheur n'est pas en retard
Il arrive avec son gros cigare
Viens dans ce pays
Viens voir où j'ai grandi
Tu comprendras pourquoi la violence et la mort
Sont tatoués sur mes bras comme tout ce décor
Pour tout leur pardonner et me tenir tranquille
Il faudrait renier les couteaux de la ville
Viens petite bourgeoise demoiselle
Visiter la plage aux de Wendel
Ici pour trouver l'Eldorado
Il faut une shooteuse ou un marteau
La vallée d'la Fensch ma chérie
C'est l'Colorado en plus petit
Y a moins de chevaux et de condors
Mais ça fait quand même autant de morts
Ma belle femelle de métal
Je t'invite dans mon carnaval
Ici la cadence c'est vraiment trop
Ici y a pas d'place pour les manchots
Refrain
Tu ne connais pas, mais t'imagines
C'est vraiment magnifique une usine
C'est plein de couleurs et plein de cris
C'est plein d'étincelles surtout la nuit
C'est vraiment dommage que les artistes
Qui font le spectacle soient si tristes
Autrefois y avait des rigolos
Ils ont tous fini dans un lingot
Le ciel a souvent des teintes étranges
Le nom des patelins s'termine par ..ange
C'est un vieux pays pas très connu
Y a pas de touristes dans les rues
Refrain
Viens petite sœur au blanc manteau
Viens c'est la ballade des copeaux
Viens petite girl in red blue jean
Viens c'est la descente au fond d'la mine
Viens c'est la descente au fond d'la mine
Et pour vous faire une idée de ce qu'elle est aussi je vous fais partager quelques une des photos que j'y ai prise !
Je l'attendais de quelque part cette note discordante, mais là, c'est la volée de bois vert !
RépondreSupprimerJe ne l'ai pas lu, je ne peux donc pas argumenter et je ne connais pas la région. Je n'ai pas envie de le lire et tu n'as rien fait pour me faire changer d'avis aujourd'hui ;-)
J'ai pourtant atténué les propos ! ;-)
SupprimerAh je comprends encore mieux ton commentaire sur Le tour de France des villes incomprises! (que tu veux lire, oui, ne t'en prive pas)
RépondreSupprimerJ'avoue comme Aifelle ne pas connaître le coin, ne pas avoir lu le roman et en fait ne jamais avoir eu beaucoup envie de le lire; Donc merci! ^_^
Tu ne manques rien ! ;-)
SupprimerLe tour de France des villes incomprises est commandé. Merci pour cette découverte ! J'ai eu l'occasion de voir une interview de l'auteur après lecture de ton post et je pense que je vais me régaler !
SupprimerVoilà qui est dit!
RépondreSupprimerSans connaître le livre tes propos sont très intéressants et au final tu donnes envie d’avoir le point de vue de l’auteur pour mieux comprendre le tien.
Merci pour le texte de Lavilliers, un auteur que l’on ne voit que trop peu!
Bon mercredi sous la pluie :)
Pas de pluie ici Cristina mais bon mercredi à toi également ! Merci ! Tente le livre si tu veux il peux très bien te plaire. Pour moi c'était joué d'avance !
SupprimerQuand cette fiction heurte une réalité, ta réalité. Comme quoi la littérature est affaire de points de vue.
RépondreSupprimerC'est en effet un des premiers avis qui est discordant sur ce roman.
Merci pour la mise en garde et la chanson.
Bises
Totalement. Je suis ouverte à un point de vu différent et une histoire et un vécu différent également d'où ma lecture jusqu'à la moitié du livre mais l'annihilation de notre passé pour des raisons qui le regarde non ! Il peut ne pas vouloir en parler et mettre en avant d'autres choses mais gommer une partie importante du passé me gêne, comme le fait de gommer des câbles, paraboles, ... sur des photos. Cela est probablement lié à mon intérêt pour l'histoire ...
SupprimerBonsoir,
Supprimeroui je suis d'accord avec toi, il est important de ne pas gommer le passé.
Bises
Quel excellent billet ! Voilà qui est dit. J'avoue que je n'étais pas tentée par cette lecture ( me sentant peu concernée par tout le tintouin ;)), et pourtant, tu vois, l'éclairage que tu apportes m'a intéressée . Belle idée d'ajouter paroles et photos.
RépondreSupprimerMerci Marilyne !
Supprimerje n'étais pas tentée non plus, donc ça me console...
RépondreSupprimerpar contre un immense merci pour la belle chanson de Lavillier :-)
De rien Eve-Yeshé ! C'est un chanteur que j'aime particulièrement !
SupprimerJe l'ai lu mais je ne prendrai pas le temps d'en parler. J'ai aimé dans l'ensemble mais les stéréotypes m'ont sauté aux yeux. Et je trouve qu'il y a beaucoup de condescendance de la part du narrateur pour certains de ses personnages.
RépondreSupprimerOups Goncourt 2018 ... Tu ne vas pas être contente.
RépondreSupprimerBisous
Je m'en doutais et avais dit qu'il serait probablement le prochain Goncourt juste avant de le lâcher ... ;-)
SupprimerBisous
Mauvaise nouvelle pour toi ^_^
RépondreSupprimerL'auteur était ce matin sur France Inter (et il a l'air fort sympa!)(mais cela ne change rien à ma non envie de le lire après ton billet ^_^)
Le Goncourt vient d'élire un livre léger et qui plait au masse ... C'est plus un sentiment de honte et un questionnement sur notre société ...
SupprimerAlors là tu titilles encore bien plus ma curiosité ! Je ne connais pas la région mais je garde tout ça en tête pour le jour où je me lancerai dans cette lecture !
RépondreSupprimerBonsoir Cristie, je commencerai par lire son premier "Aux animaux, la guerre" qui est paraît-il bien. Pour celui-ci, je ne prononce pas. Je ne suis pas tentée par le sujet et quelle virulence dans ta critique, ce n'est pas commun mais c'est bien de lire des avis divergents par rapport à l'enthousiasme général. Bonne fin d'après-midi.
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