Une découverte fascinante de l'histoire
En tant que passionné d'histoire, découvrir Les naufragés de l'île Tromelin d'Irène Frain a été une expérience enrichissante. Le livre plonge dans un épisode méconnu de l'histoire maritime, celui du naufrage de l'Utile en 1761, où un groupe d'esclaves malgaches se retrouvent abandonnés sur l'île de Tromelin, une minuscule île inhospitalière de l'océan Indien. Cette histoire, que j'avais déjà effleurée à travers une bande dessinée sur le même thème, Les esclaves oubliés de Tromelin de Savoia, a pris une nouvelle dimension grâce à la rigueur et la profondeur de la recherche historique d'Irène Frain.
Une lecture ardue mais enrichissante
La lecture de ce roman s'est révélée quelque peu ardue, principalement en raison du vocabulaire employé par l'auteure. Irène Frain utilise un langage riche et parfois technique, fidèle à l'époque et au contexte maritime du XVIIIe siècle. Cette complexité linguistique, bien que parfois un obstacle à une lecture fluide, ajoute une authenticité indéniable au récit. Elle permet de mieux s'immerger dans l'époque et les événements décrits, bien que cela demande un effort de compréhension supplémentaire.
Des personnages difficiles à cerner
Un des aspects qui m'a moins séduit est le développement des personnages. Je n'ai pas trouvé les naufragés particulièrement attachants. Leur représentation, bien que probablement fidèle aux réalités de l'époque, manque peut-être de profondeur émotionnelle et de nuances qui permettraient de créer un lien plus fort avec le lecteur. Les souffrances et les défis auxquels ils font face sont décrits avec précision, mais j'aurais apprécié une exploration plus intime de leurs pensées et de leurs sentiments.
Un point de vue principalement européen
Le principal bémol que j'ai ressenti en lisant Les naufragés de l'île Tromelin est la perspective majoritairement européenne adoptée par l'auteure. La majorité du récit est narrée du point de vue des marins et des autorités coloniales, ce qui peut parfois donner l'impression que les esclaves malgaches, pourtant au cœur de cette tragédie, sont relégués au second plan. Cette approche peut être vue comme une limitation dans la mesure où elle ne permet pas de pleinement explorer et comprendre l'expérience des naufragés malgaches du point de vue de leur culture et de leur humanité propre.
Une œuvre à la croisée de l'histoire et de la fiction
Malgré ces quelques réserves, Les naufragés de l'île Tromelin reste une œuvre captivante qui réussit à mêler habilement histoire et fiction. Irène Frain parvient à ressusciter un épisode oublié de l'histoire avec une précision documentaire et une sensibilité littéraire. Ce livre nous rappelle les horreurs de l'esclavage et les injustices du passé, tout en célébrant la résilience et la détermination humaine face à des conditions extrêmes.
En conclusion, la lecture de ce roman a été une aventure intellectuelle et émotionnelle riche. Bien que j'aurais aimé une représentation plus équilibrée des points de vue et des personnages plus attachants, Les naufragés de l'île Tromelin reste une œuvre importante pour comprendre et se souvenir de cette tragédie oubliée. Irène Frain nous offre un témoignage poignant et nécessaire sur une page sombre de l'histoire humaine.
Lu dans le cadre d'une LC avec Fanja pour son challenge Book Trip en mer
Merci pour ce billet argumenté et très clair... Je t'avoue que vue tes bémols, je ne suis pas très tentée, bien que le sujet m'intéresse fortement.
RépondreSupprimerJe comprends ! Il reste intéressant à lire car très documentée.
SupprimerJe crois que je vois ce qui t'a manqué dans ce récit, une narration plus romancée peut-être, où Irène Frain aurait théorisé ou imaginé davantage le point de vue des esclaves et rendus les marins plus romanesques encore, mais j'avoue que j'ai apprécié le fait qu'elle s'en tienne (presque) strictement aux faits, à partir du peu d'archives qu'elle avait entre les mains, sans trop trop broder autour. Ce livre se présente comme un roman, mais pour moi, on est plus proche de l'essai, du documentaire. Merci en tout cas pour cette LC qui m'a été aussi très instructive.
RépondreSupprimerIl reste très intéressant mais tu as raison elle a su théoriser sur des personnages européens alors pourquoi pas sur des personnages malgaches ? Par contre, je loue son travail minutieux de recherche.
SupprimerBonjour Cristie
RépondreSupprimerDans mon propre billet sur le thème de Tromelin, ses naufragés et ses esclaves abandonnés, j'avais aussi chroniqué un livre illustré (plutôt "jeunesse", donc), qui adoptait le point de vue de la mère du bébé finalement recueilli: "Les robinsons de l'île Tromelin, d'Alexandrine Civard-Racinais et Aline Bureau. Une bonne extrapolation à partir des mêmes données sur lesquelles Irène Frain s'était basées.
Mais j'avoue que, pour ma part, j'avais été davantage intéressé par la partie "contemporaine" de la BD de Savoïa (une fois que j'en ai eu trouvé le "chemin d'accès"), et par un quatrième livre, par un des responsables des fouilles archéologiques, Marc Guérout.
(s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola