Valentina : Une lecture addictive mais sans profondeur



Je suis entrée dans ce roman avec l’envie d’une dark romance efficace : tension, violence, enjeux moraux, personnages ambivalents. Sur ce plan, Valentina remplit juste le minimum syndical. C’est une lecture plaisante, fluide, sans temps morts, mais qui se contente de recycler les codes du genre sans jamais les subvertir.


La prévisibilité est son principal défaut.

Chaque retournement semble téléphoné, non pas parce que le roman suit une structure maîtrisée, mais parce qu’il coche mécaniquement les cases attendues : héroïne arrachée à sa misère, ascension forcée dans un cartel, ennemi masculin dominant mais protecteur, tension sexuelle suspendue, violence "glamourisée". Le roman mobilise les tropes "fille issue des quartiers violents" et "chef de cartel possessif", mais au lieu de les interroger (violence systémique, domination patriarcale, choix moraux), il les utilise comme décors fonctionnels. Le trope ne produit rien ; il remplace ce qui aurait dû être une construction narrative.


Le traitement des personnages m’a tenue à distance.

Valentina n’est pas « faible » au sens moral  le roman n’a rien à lui reprocher  mais dans sa construction : ses décisions semblent dictées par l’intrigue plutôt que par une psychologie cohérente. Elle subit, elle réagit peu, elle n’agit presque jamais. Ce manque d’agency (Elle est écrite de manière réactive, sans trajectoire motivationnelle propre, ce qui réduit sa capacité à structurer l’intrigue.) empêche toute identification ou empathie réelle.

Preto, de son côté, incarne l’archétype le plus usé du genre : dominant, mystérieux, protecteur, violent. Rien n’est fait pour nuancer cette posture ou l’inscrire dans un réel travail sur la masculinité toxique, le pouvoir, la domination ou le trauma. Il est une fonction narrative plus qu’un personnage.


Quant à l’histoire d’amour, elle stagne.

La tension existe , suffisamment pour créer de l’addiction mais elle repose davantage sur le non-dit et la frustration que sur une progression émotionnelle réelle. On attend une montée dramatique, un basculement, un enjeu relationnel ; rien ne vient. On tourne en rond en attendant un développement qui n’arrive pas.

Sur le plan formel, le roman a pourtant un vrai mérite : il se lit vite, sans effort, et tient suffisamment le lecteur pour être consommé d’une traite.

Mais cette efficacité narrative masque un manque structurel de profondeur : pas de réflexion politique sur les cartels, pas de véritable noirceur morale, pas de discours sur la violence systémique, juste un décor exotisé pour servir un fantasme.

Un roman pour se vider la tête, pas pour réfléchir. Une lecture-plaisir, pas une lecture marquante.


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