N’invite pas la forêt à entrer de C.G. Drews

 

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J’ai choisi ce livre comme roman de reprise, en me disant que sa simplicité me permettrait de retrouver un rythme de lecture sans effort. Je savais que je n’allais pas ouvrir une grande œuvre, mais je m’attendais tout de même à un texte fluide, prenant, avec un minimum de profondeur. Au bout des deux tiers, je peux dire que ce n’est pas le cas.


L’ambiance, d’abord, sauve un peu les meubles : une forêt envahissante, sombre, étouffante, des images gothiques qui installent une atmosphère presque onirique. C’est immersif, ça donne envie d’y croire, et c’est ce qui m’a empêchée de refermer le livre trop tôt. Mais cette ambiance ne suffit pas.


Très vite, les limites apparaissent. Les relations entre les personnages sont superficielles. Rien n’est creusé. Même la romance entre les deux garçons, qui pourrait être le cœur battant du récit, reste plate : il n’y a ni tension, ni désir, ni ambiguïté. On se contente d’un lien gentil, presque aseptisé, qui n’émeut pas.


La structure du roman, ensuite, est d’une grande pauvreté : un élément déclencheur, puis une succession d’obstacles à franchir, toujours de nouveaux monstres qui surgissent les uns après les autres. Cela donne une impression de mécanique répétitive, comme un jeu vidéo mal ficelé, où l’on passe d’un niveau au suivant sans progression dramatique réelle.


Reste la question du délire ou du fantastique. Andrew voit des choses étranges, invraisemblables. On hésite : hallucinations ou surnaturel ? Ce doute pourrait être fécond, mais il n’est pas travaillé. Les visions s’accumulent, sans cohérence psychologique ni mythologique. On ne croit ni au délire, ni aux monstres. On finit par décrocher.


Enfin, les thèmes de la gémellité, de l’isolement adolescent et du refuge dans l’imaginaire, sont traités de façon stéréotypée. Un fort et un faible, un ado solitaire qui s’invente un monde : rien de neuf. Or, quand on lit La Route de McCarthy (père et fils),  on voit à quel point la relation peut être creusée, riche de nuances, violente et tendre à la fois. Ici, on reste dans la caricature.


En refermant le livre, je comprends mieux pourquoi il a tant plu sur Babelio : il se lit vite, il a une ambiance accrocheuse, il met en scène une relation homosexuelle dans un univers gothique. Pour un lecteur qui cherche de l’émotion immédiate, c’est suffisant. Mais si l’on gratte un peu, si l’on cherche de la densité et de la cohérence, tout s’écroule.


En somme, c’est un roman qui peut séduire sur le moment, mais qui n’a aucune résistance à une lecture exigeante.



  • Auteur : C.G. Drews / Traduction : Emilie Chiron
  • Paru le 28 août 2025 / 320 pages
  • Editeur : De Saxus / Collection : Folio
  • A partir de 13 ans 

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