Le cadavre et le sofa de Tony Sandoval : un été étrange et poétique

 

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J’ai refermé Le cadavre et le sofa de Tony Sandoval avec un mélange de fascination et de malaise. Ce roman graphique est tout sauf une lecture banale. Dès les premières pages, on comprend que nous ne sommes pas dans un simple récit estival : l’histoire se joue entre légèreté et étrangeté, entre désir et morbide.


Le personnage central, Polo, est l’un des rares garçons de son village à continuer de se promener depuis la disparition de Christian. Ses errances dans la nature estivale sont le cadre d’une galerie de rencontres insolites et troublantes : Sophie, une jeune fille dont la beauté et l’étrangeté intriguent, et Christian, disparu mais désormais cadavre en décomposition. Et le sofa ? Il occupe, d’une façon surprenante, une place clé dans ce conte d’été où la réalité et le rêve se mêlent.


Tony Sandoval joue avec les codes : le dessin, faussement naïf, évoque l’univers graphique de Dave McKean ou Miguelanxo Prado, et pourrait laisser croire à un conte pour enfants. Mais il n’en est rien. Les préoccupations de Polo et Sophie sont profondément humaines et sensuelles, explorant la découverte des désirs et des plaisirs de la chair. Le cadavre de Christian, omniprésent et silencieux, installe un malaise qui rend cette lecture définitivement réservée à un public averti.


Ce qui m’a le plus frappée, c’est la capacité de Sandoval à mêler poésie et étrangeté. Chaque planche, chaque dialogue semble porter un peu de rêve et de mélancolie, et pourtant, le récit reste ancré dans une réalité dérangeante. On est happé par le rythme des pages, par ces moments d’intimité troublants et par la force de ses personnages, qui surprennent à chaque instant.


Le cadavre et le sofa est une œuvre courte mais dense, où l’étrange se mêle au quotidien, où la beauté côtoie la morbide. On ne lit pas ce livre par confort, mais on le lit avec une curiosité et une tension qui ne nous lâchent jamais. Pour moi, c’est exactement cette combinaison de poésie, de malaise et de surprises qui rend ce roman graphique inoubliable.



Chez Moka !




  • Dessinateur : Sergio Sandoval / Illustration en couleurs
  • Paru le 7 février 2007 / 96 pages
  • Editeur : Paquet / Collection : A l'Ombre de l'Aigle
  • Format : 18 cm x 24 cm

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