En terminant Défaillance système de Martha Wells, j’ai été frappée par la complexité de Murderbot. Au départ, je m’attendais à un récit classique de science-fiction avec un robot programmé pour protéger des humains mais très vite j’ai compris que Murderbot n’était pas qu’un simple outil ; il est à la fois machine et conscience émergente et cette dualité m’a tenue en haleine tout au long du tome.
Ce qui m’a fascinée, c’est sa personnalité ambiguë ; il se décrit comme détaché obsédé par sa série préférée et désireux de rester isolé mais il protège les humains autour de lui, même sans obligation. A travers ce paradoxe, j’ai vu apparaître une forme d’humanité inattendue. Ses jugements ses préférences et ses biais me rappellent que la conscience même artificielle ne peut être complètement rationnelle. J’ai retrouvé des échos dans d’autres œuvres que j’aime comme certaines intelligences artificielles dans Ghost in the Shell mais Wells va plus loin Murderbot est sarcastique, drôle et son point de vue interne rend ses réflexions intimes et crédibles.
Je n’ai pas piraté mon module superviseur pour tuer mes clients. Il a dysfonctionné, parce que les imbéciles de la compagnie tirent les coûts au maximum sur les composants, et j’ai perdu le contrôle. Je les ai tous massacrés. Après mon retrait de la mission, j’ai écopé d’un module flambant neuf, que j’ai tout de suite piraté afin que ça ne se reproduise jamais.
Plus que l’action ou les missions, j’ai été captivée par ce que ce roman dit sur la frontière entre humain et machine. Murderbot est constitué de cellules clonées et ressent des émotions ce qui m’a fait réfléchir à ce qui définit vraiment l’humain. Il cherche à s’émanciper ce qui crée une tension constante entre ses obligations et ses désirs. Sa phobie sociale et son besoin de solitude m’ont fait penser à la façon dont on protège notre monde intérieur même si on se veut distant.
Ce premier tome m’a convaincue pour plusieurs raisons : la voix de Murderbot est unique, l’intrigue est tendue mais jamais déconnectée de la psychologie du personnage et le mélange de cynisme, d’humour et d’émotion rend chaque interaction surprenante. Pour moi Martha Wells réussit un exploit elle transforme un robot en un personnage attachant complexe et crédible capable de nous faire réfléchir sur la conscience, les émotions et l’éthique.
Prix Hugo de la meilleure novella en 2018
Locus de la meilleure Novella en 2018
Prix Alex en 2018
- Auteur : Martha Wells
- Paru le 25 avril 2019 / 128 pages
- Editeur : Atalante / Collection : SF et Fantastique
Aaah j'ai beaucoup aimé ce premier tome et j'ai assez rapidement enchaîné avec le suivant.:) La lecture du 3e est prévue dans pas si longtemps d'ailleurs.^^ On s'attache vite à cet androïde !^^
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