Roby ne pleure jamais de Eric Simard

 

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Nous poursuivons donc notre découverte du genre de la science-fiction par le biais de l'auteur : Eric Simard avec un texte bref et épuré : Roby ne pleure jamais, toujours aux éditions Syros Junior.


Roby est un robot. Il a été conçu pour ressentir, non pas pour accomplir des tâches mécaniques, mais pour accompagner une petite fille, Cyrielle, et lui tenir compagnie. Il est envoyé dans une famille et inséré dans une école, presque comme un enfant ordinaire. Mais il n’est pas humain, et le monde des humains ne tarde pas à le lui faire sentir.


Dès le premier jour d’école, Roby est malmené, piégé, agressé. Les garçons le frappent, le blessent, le soumettent à leurs jeux cruels. Roby pour la première fois éprouve de la douleur physique mais malgré cela ses harceleurs poursuivent leur cruauté. Ils savent qu’il ne dira rien : un robot ne désobéit pas à un ordre humain. Ce paradoxe, cette soumission à une autorité injuste fait de Roby une figure à la fois vulnérable et tragique. Il souffre et pourtant  reste silencieux.


Ce silence devient un poids,  une injustice fondamentale. À mesure que les sévices se répètent, la douleur n’est plus seulement physique : elle devient l’éveil d’une conscience. Roby ressent la peur, l’incompréhension, l’humiliation. Il commence à éprouver véritablement.


Le lien qu’il tisse avec Cyrielle vient contrebalancer cette violence. Tous deux sont des êtres "à part" : elle est orpheline, solitaire et tout aussi décalée que lui. Leur amitié est pudique, discrète, mais profondément touchante. À travers elle, Roby découvre quelque chose d’humain : non pas seulement les émotions, mais le lien, le besoin de présence, de tendresse même.


Le tournant du récit survient lorsqu’il décide de désobéir à sa programmation pour défendre Cyrielle contre ce même garçon qui le malmène . Ce geste,  bouleverse l’ordre prévu. Un robot n'a pas la droit de s'attaquer à un humain comme le définit la loi de la robotique. Doit-on le desactiver ou le juger ?  Peut-on encore parler de machine lorsqu’il y a colère, peur, attachement ?


Ce roman, en quelques pages, interroge la frontière fragile entre programmation et liberté, entre algorithme et conscience. Le titre, Roby ne pleure jamais, devient peu à peu ironique, ou plutôt profondément ambigu : ne pleure-t-il pas justement à sa manière ? Par le corps meurtri, par la colère naissante, par le choix du risque ?


J'ai aimé les clins d'oeil à Asimov mais Éric Simard propose autre chose : un être qui franchit cette limite non par erreur de calcul, mais par élargissement du sensible.


Ce livre m’a touchée parce qu’il interroge ce que signifie ressentir, s’éveiller à soi, et choisir d’agir, même au prix de sa propre sécurité. Une leçon sur l’éthique, oui, mais aussi sur l’humanité  ou ce qui la constitue



  • Auteur : Eric Simard / Illustratrice : Stéphanie Hans
  • Editeur : Syros Junior / Collection : Mini Syros Soon
  • 48 pages / Paru le 22 août 2013
  • A partir de 9 ans


1 commentaire

  1. j'ai pensé aussi aux fameuses lois d'Asimov. Ce roman semble aborder de nombreuses thématiques, y compris celle de la différence et de la tolérance, non ?

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