Lire de la science-fiction à l’école : une expérience avec Robot mais pas trop d’Éric Simard

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Récemment, j’ai lu en classe Robot mais pas trop d’Éric Simard, un petit roman de science-fiction publié dans la collection Mini Syros Soon. L’expérience a été marquante tant pour les élèves que pour moi, non pas en raison d’un contenu spectaculaire, mais parce qu’elle a révélé certains manques, certaines limites, et aussi certaines possibilités insoupçonnées.


Le genre : science-fiction, ce grand absent

La science-fiction est un genre quasiment absent des bibliothèques de classe. Il existe bien quelques albums ou séries jeunesse qui flirtent avec l’anticipation, mais peu de récits qui proposent une véritable interrogation sur le monde, sur la technologie, ou sur la frontière entre l’humain et la machine. Cela rend d’autant plus précieux des textes courts, accessibles, mais porteurs de réflexion comme celui de Simard.


Le point de départ : la couverture et les hypothèses

Avant de commencer la lecture, j’ai pris le temps de montrer la couverture, sur laquelle on voit un garçon et un robot. J’ai demandé aux élèves d’imaginer ce que pourrait raconter l’histoire. Très vite, j’ai été confrontée à un silence ou ils peinaient à formuler des hypothèses d'histoire. Le mot "robot" évoquait peu de choses concrètes. Il y avait un manque d’imaginaire, ou plus précisément un manque de culture préalable pour nourrir cet imaginaire. Cela m’a frappée. Ils ne manquaient pas d’envie, ni de curiosité mais il leur manquait des repères pour construire une histoire dans ce registre. Cela m’a attristée. C’est comme si on avait rogné une partie de leur possibilité de fiction.


La lecture : humour, surprise, réaction différée

Le texte a plu. Ils ont ri, notamment grâce au ton du narrateur, et sont restés attentifs tout au long de l’histoire. Ce qui m’a le plus intéressée, ce sont les réactions différées : ce moment de flottement à la chute, quand le sens bascule. Certains sont restés silencieux, d’autres m’ont demandé de relire. Une élève s’est exclamée : « Ah, c’est pour ça le titre ! » C’est une réaction simple, mais révélatrice d’un processus de compréhension en cours. Il y a eu une bascule dans leur lecture : ce moment où l’histoire devient autre chose que ce qu’elle paraissait être.


Conclusion

Robot mais pas trop a permis d’ouvrir une brèche. Non pas tant parce qu’il a enthousiasmé tous les élèves, ce n’était pas spectaculaire, mais parce qu’il a révélé des manques et des possibles. Il m’a permis de mesurer à quel point certains territoires de l’imaginaire sont sous-explorés, voire absents, chez les enfants. Et à quel point il est nécessaire de les ouvrir, avec des textes simples mais intelligents. La science-fiction mérite sa place à l’école. Pas pour faire rêver à des mondes lointains, mais pour apprendre à penser autrement celui dans lequel nous vivons.



  • Auteur : Eric Simard / Illustratrice : Stéphanie Hans
  • Editeur : Syros Junior / Collection : Mini Syros Soon
  • 48 pages / Paru en janvier 2010
  • A partir de 9 ans

4 commentaires

  1. C'est pour moi aussi ... je n'aime pas tellement ce genre, ça a l'air bien sympa !

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    1. C'est un texte très bien écrit, qui plait, qui ouvre une porte et surtout commence à les interroger sur beaucoup de sujets. Par exemple : c'est quoi la différence entre un humanoïde et un humain ?

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  2. Merci d'avoir partager cette expérience de lecture avec nous. C'est très intéressant. Il s'agit bien d'élèves de primaire ?

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