Le récit :
L'histoire se passe en mai 1980 alors que la junte militaire a pris le pouvoir en Corée du Sud. Les étudiants mais aussi les ouvriers s'élèvent contre la dictature de Chun Doo-hwan qui a pris le pouvoir après la mort du président.
Après une spectaculaire manifestation dans la ville de Séoul, les étudiants se soulèvent dans la ville de Gwangju. C'est dans le sang et les massacres que seront réprimés ces manifestations par l'armée. Les civils, les étudiants, personne n'est épargné.
Sept témoignages sur cet événement sont relayés dans ce livre qui se lit au bord de la nausée. On débute avec l'histoire d'un jeune garçon qui erre à la recherche de ses camarades et se souvient ...
Mon avis :
Dans un style très épuré qui ne s'encombre pas de superflus, l'autrice coréenne a fait le choix de rendre hommage à ces martyrs de la démocratie qui ont osé s'élever pour une société plus juste. Elle l'a fait pour faire front à une certaine idéologie autoritaire qui ressurgit à certains moments dans son pays.
La lecture de ce livre n'est pas simple. Les récits sont tous mêlés des horreurs de ces jours terribles. Les autorités alors en place s'en sont défendus en prétendant que c'était un soulèvement propulsé par les communistes. Les manifestants étaient alors appelés les putes rouges.
Ce n'est qu'une fois que la démocratie a pu s'étendre qu'on les a déclaré comme étant des défenseurs de la démocratie contre la dictature militaire.
Beaucoup sont morts très jeunes, certains collégiens se faisaient même passer pour des lycéens afin de rejoindre le mouvement. Ils ont été tués sans sommation, torturés, enlevés, achevés à l'hôpital lorsqu'il réussissaient à rejoindre celui-ci.
Sept portraits en hommage à ces héros qui lèvent le voile, nous apprennent sur les atrocités d'un soi disant politique.
Atroce mais fulgurant !
Alors qu'ils avaient reçu un fusil, la plupart d'entre eux n'avaient pas réussi à tirer. A la question de savoir pourquoi ils étaient restés sachant qu'ils allaient être battus, tous les survivants avaient une réponse similaire " Je ne sais pas, mais il m'a semblé que je le devais."
Je me trompais en les considérant comme des victimes. Ils étaient restés parce qu'ils ne voulaient précisément pas être des victimes.
Il faut savoir que de nombreuses œuvres sont sortis sur le sujet avec l'accord des responsables en place : films, dessins animés, bandes dessinées, ... C'est le cas du film : Taxi driver. Ce sont souvent des oeuvres qui évoquent la souffrance des témoins et de ceux qui ont subi mais certaines sont censurées car politiquement considérées comme dangereuses. C'est ainsi le cas du film: 26 years qui évoque les responsabilités de hauts gradés de l'époque dont certains occupent des postes importants en Corée aujourd'hui sans parler du responsable Chun Doo-hwan, dans un premier temps condamné à mort puis gracié. Il vit aujourd'hui dans une villa hautement sécurisée ... Ce film ne doit sa survie qu'à un financement collaboratif sur internet.
Un sujet passionnant !
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- Editions : Points / Collection : Points / Traduction : Jeong Eun-jin et Jacques Batilliot
- Paru le 19 mai 2014 en Corée / 240 pages
Oh oui cela doit etre indispensable....mais bon je passe.....
RépondreSupprimerLa couverture est glaçante. A l'image du contenu du roman ?
RépondreSupprimerComplètement !
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