Les ailes, Yi Sang ❤

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Le chef d'œuvre incontesté de Yi Sang !

Les récits :

Ce recueil du plus célèbre poète coréen du XX siècle se découpe en trois nouvelles.

Les Ailes, son chef d'œuvre nous présente l'histoire d'un couple un peu particulier, surtout pour l'époque. Elle, est une femme de mœurs légères, mariée à un homme calfeutré toute la journée, passant le plus clair de son temps à dormir. Un soir, le mari ose un pas à l'extérieur ...

Les deux nouvelles suivantes seront écrites peu de temps avant la mort de l'auteur : Récit d'une rencontre et d'une séparation évoque la vie d'une gisaeng de basse condition et Une fleur perdue évoque la perte de la virginité et le désarroi qui peut l'accompagner

Trois variations sur l'amour et la désinvolture.

Cet auteur devenu un mythe :

yi sang


L'auteur est né à Séoul en 1910 et mort à Tokyo en 1937. Il est devenu le symbole de la liberté, du refus de l'obéissance absolue et c'est montré d'une modernité littéraire rare. Il est devenu en Asie aussi mythique que Rimbaud, il est par ailleurs dans nos contrées souvent comparé à lui. Il a ni plus ni moins révolutionné la littérature dans son pays, dans les années 30.

Remarqué à 23 ans pour ses écrits, le jeune ingénieur architecte à la vie bien rangée quittera son travail pour ouvrir un café et écrire sans entrave. Il nourrira ses écrits de ses relations tumultueuses et de sa relation problématique au corps étant atteint d'une maladie au poumon. Son emprisonnement au Japon où il avait émigré finira de l'achever.

Les trois nouvelles évoquent une vie amoureuse ratée, puisant dans sa propre expérience. Il évoquera ainsi la jeune prostituée qu'il a fréquenté en 1933 et avec qui la relation fut plus que houleuse. Puis, Byeong Dong-rim, une femme libérée, autrice qu'il épousa en 1936.

Mon avis :

Le livre se dévore encore aujourd'hui de façon passionnante. Il est restée moderne et pourrait très bien se passer de nos jours. Je suis absolument subjuguée par la liberté dont a pu faire preuve cet auteur en évoquant des prostitués quand on sait à quel point la femme ne pouvait être évoquée que en tant que mère. Il se moque des classes sociales alors que c'est la base même de la société dans laquelle il vit et met en avant des personnes de basse classe qui ne sont jamais évoquées dans la littérature. Si l'on prend l'exemple des gisaengs qui sont des courtisanes dotées de talents artistiques. Il en existe trois catégories et seule celles servant les familles royales pouvaient être citées.

Notre auteur perturbe les fondements même de la société et son système de classification. Il questionne et se questionne, se cherche. Dans les ailes, il nous montre sa solitude et sa souffrance face à une femme qui le materne mais n'hésite pas à le manipuler douloureusement. Cette quête d'identité est totalement innovatrice pour l'époque. En orient et plus encore à cette époque, on ne  "s'appartient" pas, on appartient à sa famille, à une société, ... Il n'y a pas vraiment de recherche de soi, pour soi qui s'exprime. Lui ose !

Il vit passionnément, par amour, pour l'amour. Sa grande question est peut être de savoir comment rester libre avec l'être avec qui on souhaite se lier.

Je me suis demandé à moi-même : As-tu un seul désir qui te pousse à vivre ? Mais je n'avais pas envie de répondre, ni par un oui, ni par un non. Il m'était difficile de reconnaître ma propre existence.

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  • Editions Zulma
  • Traducteurs : Son Mihae et Jean-Pierre Zubiate
  • Paru en 2004 aux éditions Zulma
  • 90 pages



1 commentaire

  1. Oh jeudi/vendredi je vais publier sur l'autre poete coreen venere, le plus populaire, Yun Dong-ju....on aurait pu se rejoindre...oui ils semblent avoir eu le meme parcours....en tout cas cela reste passionnant

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