Battue de Lilian Coquillaud et Marine Levéel

 Une impressionnante plongée au coeur des montagnes au milieu de "blanchiste", un groupuscule fasciste qui se livre à un rite d'initiation ; ici une Battue.

Le récit :

Camille a quitté sa région d'origine depuis longtemps. Un jour, elle apprend le décès de son père et voit ressurgir à cette occasion un ami d'enfance, Hassan. Celui-ci de venu journaliste, cherche à la convaincre de retourner sur la trace de ses origines afin d'infiltrer un groupuscule auxquels son père et son oncle ont appartenu : les "blanchistes", un groupe politique méconnu mais dont il semblerait que les membres aient des idées proches de ceux de l'extrême droite. 

Hassan se heurte d'emblée au refus de Camille qui a coupé les ponts avec cette famille depuis un certains temps grâce à sa mère. Camille se braque de plus face à l'ambiguïté dont fait preuve Hassan : est-il un réel ami ou vient-il uniquement pour la manipuler ?

Camille cède et se retrouve à la veille d'une battue que les blanchistes organise une fois par an afin de recruter. Elle s'équipe d'une caméra et d'un magnéto et la voilà partie au milieu de la forêt dans un premier temps, se livrant à la chasse en fonction des critères imposés malgré le dégout qu'elle éprouve lorsqu'elle inflige la mort. 

Petit à petit, elle s'imprègne des règles et des lois qui régissent cette battue et s'immerge totalement afin de trouves des réponse aux questions qu'elle s'est longtemps posée.

Mon avis :

Lilian Coquillaud m'a surprise avec ses couleurs aux teintes uniques tirant souvent vers du violet, du orange. Il utilise de grands aplats qui gomment les détails et contribuent avec les couleurs à créer un monde irréel hors du temps. On se croirait presque dans un rêve. Les paysages en sortent éblouissants et le contraste avec la réalité de l'histoire se fait saisissant.

Le scénario de Marine Levéel est construit de façon très efficace. Il fait monter progressivement une tension qui ne cesse de nous tenailler ensuite. Puis, il y a ce contraste entre cette impression d'enfermement car notre héroïne et comme prisonnière de ce groupe d'hommes, obligée de les suivre, coupée du monde alors qu'elle est en pleine nature. Elle étouffe alors que la liberté se trouve révélée dans cette nature grandiose et infinie.

Tout se tient dans cette BD, les émotions de notre héroïne comme les enjeux politiques de ce parti qui agit quasi comme le ferait une secte.

Un beau moment de lecture, une grande originalité !

Lu dans le cadre de 

la BD de la semaine chez Moka

L'avis de Moka !

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• Paru le 15 octobre 2020
• Editions 6 pieds sous terre
• Format : 24 cm x 33 cm
• 120 pages en couleurs