Quand l'enfant disparait - Wang Ning, Ni, Xu, Qin

 Une BD graphique qui traite avec délicatesse et vérité de la politique de l'enfant unique en Chine et des ravages qu'elle a pu causer.

Les ravages mis en place par la politique de l'enfant unique en Chine ne sont plus à démontrer : enfant caché sans droit en grandissant, déséquilibre entre les hommes et les femmes ; les hommes étant considérés comme une richesse dans la famille ils ont souvent été favorisés générant des vagues d'infanticide. On ne compte pas non plus les stérilisations forcées et les avortements.

L'auteur du scénario, Wang Ning,  a choisi cependant un angle un peu plus méconnu mais non moins dramatique. A travers trois récits, il nous délivre la fracture de trois familles. Il était important pour lui de témoigner des conséquences que cette politique avait pu avoir. La Chine y a d'ailleurs renoncé en 1996 autorisant deux puis trois enfants.

L'auteur nous montre que la disparition d'un enfant unique est tragique au sein d'une famille pour les parents comme les grands parents car tout se construit autour de cette enfant unique . C'est une tragédie  personnelle et intime. Une tragédie qui va à l'encontre de la cellule familiale telle qu'elle a été conçue en Chine depuis des millénaires. Les plus jeunes devaient prendre soin des aïeux mais quand ces plus jeunes ne sont plus que se passe-t-il ?

Il y a également eu pour ces enfants et Wang Ning en témoigne très bien, le fait de grandir dans la solitude sans frère ni soeur en enviant parfois ceux-qui avaient pu avoir la chance d'être plusieurs. C 'est en réalisant, lors du décès d'une cousine qui était seule enfant la détresse des familles touchées par le deuil. Il s'est donc mis à collecter des histoires vraies malgré la réticence de beaucoup de personnes y compris au sein même de sa famille. Il prie Dieu de ne jamais priver une famille qui le désire d'enfant en évoquant. Une douleur que Victor Hugo a très bien évoqué dans son poème : Lorsque l'enfant parait.

Pour témoigner des trois récits de vie qu'on lui a conté, il a fait appel à trois artistes différents pour les mettre en dessin. Le premier récit qui est celui d'une famille dont on a enlevé l'enfant est bouleversant. Suite à l'enlèvement de leur fils de 5 ans, les parents vont passer leur vie à le chercher et refuseront de déménager alors même qu'on leur propose des sommes folles pour leur maison face au changement de leur quartier. On les retrouvera des décennies plus tard toujours dans leur maison perdue entre des immeubles à espérer que leur enfant se souviennent et retrouve le chemin de son foyer.

Dans la seconde histoire, après le décès de leur fils des parents une fois le deuil fait décident d'adopter une petite fille. Il y est question de la difficulté de grandir avec le poids d'un enfant qui a été présent mais n'est plus et de la place que celui-ci prend dans l'imaginaire de la petite fille.

Le troisième récit enfin, le dernier vœux, porte sur l'histoire d'une mère célibataire dont la fille est atteinte d'une maladie incurable. Malheureusement la mère avait suivi la politique de l'époque qui voulait qu'on se fasse stériliser après une naissance. C'est son plus grand regret ainsi que celui de sa collègue qui l'avait poussé à le faire. C'est une demi critique de la politique mise en place à ce moment là par le gouvernement chinois mais le reste est sous entendu.

Une BD qui nous apprend comme je les aime !

Lu dans le cadre de 

la BD de la semaine chez Moka

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• Editions : Mosquito / Parue le 2 juillet 2021 
• Format : 23 cm x 30 cm / 104 pages / Couverture cartonnée