Le nouveau chef d'œuvre de Mathieu Bablet est une sublime odyssée dans un univers qui bouscule notre humanité.
Le récit :
Carbone et Silicium sont deux androïdes nés dans un laboratoire de la Silicon Valley. Programmés pour ne vivre que 15 ans, ils vont survivre devenant les témoins de notre humanité future. Deux êtres nés de la même IA mais fondamentalement différents. Carbone est un être sédentaire, attaché à ses liens sociaux n'hésitant pas à changer de corps et de genre quand Silicium parcourt le monde inlassablement s'épanouissant dans la solitude et usant son corps jusqu'à la décrépitude totale. Des identités différentes, des points de vues différents sur le monde qui les entoure. Pourtant, toujours, ils se retrouvent pour, au final, réinventer et proposer d'autres voies possibles.
Ce que j'en pense :
C'est une œuvre d'une densité rare. L'auteur à passer quatre ans à l'écrire, la penser, la dessiner, jouant avec le temps car le monde évolue tellement vite qu'il est devenu périlleux d'écrire une histoire d'anticipation dans le domaine de la science fiction. Le pari est cependant réussi, emporté même haut la main et nous offrant enfin une nouvelle perspective qui change de ce qu'on voit habituellement tant dans le domaine de la science fiction que des dystopies.
Il y est question d'I.A et d'identité robotique avec toutes les questions philosophiques liées à l'individu. La particularité dans cette œuvre est que pour une fois les robots ne sont ni des sauveurs de l'humanité, ni les méchants qui vont nous exterminer. Ce sont des êtres, et à ce niveau là, l'auteur se rattache à une certaine vision déjà existante. Il suffit de penser à Ghost in the shell et je ne vous parle même pas de l'extraordinaire A.I. de Steven Spielberg.
Les êtres humains sont relégués au second plan, voir à distance. La distance ainsi crée rend le regard de Carbone et Silicium, témoins des catastrophes économiques, écologiques, ... bien plus percutant. L'inactivité de l'homme, fasse à tout ce qu'ont pu annoncer les scientifiques, est mis en exergue. Pourtant, dans ce monde en crise Mathieu Bablet nous montre la beauté de notre planète et nous présente une autre voie, qu'une vision ultra pessimiste de l'avenir.
C'est également un éclairage important mis sur la transhumanité et ses limites. L'auteur n'hésite pas à bousculer ses lecteurs en dévoilant la volonté de puissants groupes, (les GAFAM) de vouloir prolonger la durée de vie de l'homme moyennant des richesses sans souci de la dignité des personnes qui restent.
La transidentité de Carbone quant à elle qui passe d'un corps et d'un genre à l'autre avec la plus grande fluidité interroge également sur notre capacité à vivre et supporter un genre qui n'est pas le sien.
Je note également la force des illustrations aux teintes si particulières. J'ai aimé ces grandes plages silencieuses et pourtant bien plus bruyantes que certains mots mais les mots ne nous limitent-ils pas comme interroge l'auteur ? J'ai aimé ce temps particulier rythmé par les nombreux changements de lieux et de physiques de Carbone nous incitant à faire preuve d'imagination afin de combler les vides. Ces différences de temps numériques et réels.
Un livre conséquent aux multiples lectures dont je ne vous livre que peu de ce qui en fait la richesse. Beaucoup parle d'une histoire d'amour entre deux robots. J'y vois les deux facettes d'une même identité piégée.
" Tu appartiens à l'extérieur. Je te libère. "
Pour ma participation à :
" la BD de la semaine " chez Stéphie
Les avis de Noukette et de Mo .
Prix BD Fnac France Inter 2021
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- Editions Ankama
- Collection : Label 619
- 272 pages
- Paru le 28 août 2020
- Format : 24 cm x 32 cm
J'en avais entendu parler; merci pour les illustrations!
RépondreSupprimerDe rien Keisha. Je compte en faire un incontournable si tu as l'occasion n'hésite pas !
Supprimerce n'est pas forcément un thème qui m'attire mais à voir si jamais je le trouve à la bibli!
RépondreSupprimerAucun souci. De mon côté c'est un coup de cœur absolu !
SupprimerOuah magnifiques dessins didonc....et que de themes interessants didonc...cela reste un melange entre I.A et Altered Carbon...mais c'est genial
RépondreSupprimerOh oui ! Fonce si tu peux Rachel !
SupprimerA priori, ce n'est pas trop mon genre, mais comme il est à la bibliothèque (3 exemplaires, tous empruntés) je vais pouvoir tester.
RépondreSupprimerEt bien j'ai hâte d'avoir ton retour sur ce livre Aifelle !
SupprimerJ'avais tellement peu adhéré au précédent que je ne trouve pas l'envie de me lancer avec celui-ci.
RépondreSupprimerMoi c'est tout le contraire ! ;-)
SupprimerLe genre SF n'est pas celui que je préfère mais j'avoue que tu titilles ma curiosité
RépondreSupprimerC'est un début !
SupprimerDans mes bras !!! j-J'ai été soufflée par cet album, c'est brillant ! Et comme toi, je suis loin de penser qu'il y ait une véritable histoire d'amour dans tout ça, l'essentiel est clairement ailleurs. Bijou !
RépondreSupprimerJ'arrive sister !!! Enorme bijou oui !
Supprimertu donnes envie mais je dois dire que je ne suis pas fan des illustrations.... à l'occasion je tacherai de la feuilleter !
RépondreSupprimerN'hésite pas Mylène !
SupprimerJe l'ai présenté le mercredi précédent sur mon blog, j'ai bien aimé (alors que normalement moi et la SF...) malgré quelques légers bémols. Et oui, comme tu dis en intro, c'est dense comme album !
RépondreSupprimerJe vous ai fait faux bond la semaine dernière et j'ai manqué ton post. Je file me rattraper !
Supprimerla façon dont tu en parle me donne envie de le découvrir
RépondreSupprimerAlors fonce vite !! ;-)
SupprimerIl me semble que j'avais commenté chez une copine ou un copain de la Bd de la semaine en disant que ce n'était pas trop mon style. Mais ton avis me fait carrément changer d'avis!
RépondreSupprimerJ'ai hâte que tu t'y plonges !
SupprimerJe n'ai pas toujours pas lu Shangri-la qui est sur mes étagères depuis fort longtemps alors je ne vais pas me précipiter sur celui-ci malgré tout le bien que tu en dis.
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