Vita Nostra de Marina et Sergueï Diatchenko ❤

vita nostra diatchenko

Vita Nostra ouvre un tryptique sur la métamorphose et malgré ses airs de saga à la Harry Potter, c'est une œuvre totalement atypique dont il est difficile de se remettre.


L'histoire :


Alexandra Samokhina, plus communément appelé Sacha est une jeune fille de 16 ans vivant seule avec sa mère. Un jour, elle décide toutes deux de partir en vacances, dans une station balnéaire de Crimée. Sa mère y croise Valentin dont elle s'éprend follement. Sacha, quant à elle, si paisible et heureuse en ce début de vacances, finit par croiser sans cesse le chemin d'un homme aux lunettes noires qui la suit souvent du regard. Sa présence se fait insistante, Sacha se sent même parfois suivi. Puis, la rencontre intervient, inévitable. L'homme se nomme Farit Kozhennikov et va user de la peur qu'il suscite pour lui imposer un rituel matinale, aller nager nue chaque matin avant l'aube. En l'absence d’exécution, Sacha comprend que ses proches pourraient en subir de lourdes conséquences. 

De retour des bords de la Mer Noire, Sacha reprend ses études mais très vite l'homme aux lunettes noires resurgit lui imposant un nouveau rituel : aller courir chaque matin et uriner ensuite dans les buissons. Sacha se plie à ses exigences folles, s'endurcit, se discipline jusqu'à la demande ultime : intégrer l'Institut des Technologies Spéciales dans le bourg paumé de Torpa à la fin de ses études.  Cédant à sa demande, c'est là qu'elle entonnera dès le premier jour l'hymne des étudiants :

" Vita Nostra brevis est,                               
brevi finietur, 
venit mors velociter, 
rapit nos atrociter, 
nemini parcetur."


Le troisième couplet d'un chant du XVIII s considéré dans maints pays comme le chant des étudiants.

" Notre vie est brève, elle finira bientôt, La mort vient rapidement, nous arrache atrocement, en n'épargnant personne." 

Qui enseigne-t-on ? Mystère. Que sont ces matières à l'intitulé flou ? Ses professeurs tyranniques et ces étudiants de secondes années semi invalides et envahi de tics ?

Mon avis :


La ressemblance avec la saga de Harry Potter reste superficielle car nous avons affaire à une autre culture présentement, une culture slave. Ne vous y trompez pas, ce roman est à destination d'adultes  et jeunes adultes pas des enfants et s'avère plus proche du fantastique russe tel que le conçoivent les slaves.

Pour être honnête, il n'est pas possible de sortir indemne de ce livre lorsqu'on s'y est totalement plongé.

Un roman initiatique :


Probablement ce que j'ai lu de mieux dans le genre car l'analyse de la métamorphose et du passage du monde adolescent au monde adulte est poussée très loin que ce soit sur le plan psychanalytique, symbolique et /ou philosophique. 

Le livre se découpe en trois parties. Trois années de la vie de notre héroïne ds années de transformations psychiques et physiques que l'on suit dans une ambiance anxiogène malgré les quelques ouvertures. C'est comme un train lancé à grande vitesse, elle n'a pas le choix que de continuer, c'est dans l'ordre naturel mais ce train où va-t-il aboutir ?

On est face à la métaphore d'une adolescente en pleine mutation dont les changements la transforme  en monstre parfois au yeux de ses parents et d'elle même. On ne la reconnait plus et elle ne se reconnait plus. Elle est un être en devenir, en construction et c'est passionnant de la voir habitée et se battre. C'est puissamment anxiogène car c'est tout ce que ressent l'individu lorsqu'il quitte ses proches, qu'il se heurte à un monde différent, parfois violent, sans indulgence, dont les codes peuvent échapper. Il est face à ses pulsions qui parfois le submerge qu'elle soit sexuelles, d'agressivité, de rancune et doit apprendre le contrôle. Le lecteur apprend en même temps que Sacha.

C'est sombre, inquiétant, mais rien ne peut arrêter notre lecture, autant s'y attendre il nous faut comprendre ce qui se cache au cœur de cette histoire et l'apprentissage ne se passe pas d'étapes, d'idées, et de concepts préalables. 

" Le monde est un texte. Les hommes et les femmes qui s'y trouvent sont des mots. "

Et ce n'est que lorsque vous penserez atteindre l'objectif que la chute vous laissera sans voix ! 

Un chef d'œuvre ! 


Le volume deux sortira vers la fin de l'année !


Organisé chez Ma lecturothèque


Grand Prix de l'Imaginaire 2020
Prix Imaginales 2020
Prix Elkabin.net 2020
Prix Planète SF des blogueurs 2020

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  • Editions l'Atalante
  • Série : Les Métamorphoses
  • Auteurs : Marina et Sergueï Diatchenko
  • Traduit du russe par Denie E Savine
  • Collection : La dentelle du cygne
  • Publié dans cette édition le 1er octobre 2019
  • 528 pages
  • Photo de la couverture : Josephine Cardin






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