La chambre solitaire de Shin Kyung-sook ❤

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Histoire inoubliable et autobiographique de l'auteur, se situant entre le fiction et la chronologie de faits réels.

L'histoire :



L''été de ses seize ans, en 1978, Shin Kyung-sook quitte sa campagne pour Séoul. Ses parents ayant plusieurs enfants n'ont pas les moyens de lui payer le lycée. Un des moyens pour accéder à des études consiste à devenir ouvrière dans une usine afin d'être ensuite sélectionné parmi les plus méritants pour suivre des cours du soir. Pendant trois ans, elle va apprendre à survivre au froid hivernal, à un travail éreintant, à des privations dans la solitude sa chambre qu'elle partage pourtant avec ses deux frères et sa cousine. Habitée par une volonté peu commune de devenir un jour écrivain, elle affronte chaque jour des difficultés qui n'auront jamais raison d'elle.

Ce que j'en ai pensé :


L'écriture n'est à nul autre pareil. C'est beau, long ça se déguste petit à petit. Il faut savoir se laisser imprégner et c'est ainsi que les portes de cette période inconnue de moi m'ont été ouvertes. Je n'avais pas connaissance de la violence de ces années, Je m'attendais surtout à un récit sur les dures conditions de vie à l'usine pour ces milliers de femmes. C'est le cas, on y apprend, que les ouvrières avaient à peine de quoi vivre, une fois retiré le prix de la cantine, les retards qui se traduisaient en heure sur la paie, qu'elle se faisaient injuriées parfois frappées, ... Les droits fondamentaux n'étaient pas respectés et tout était fait pour que le syndicalisme ne puisse agir grâce à une lourde pression exercée sur les salariés. 

 Cependant, l'autrice nous brosse également sans avoir l'air d'y toucher un tableau effarant de la société coréenne. Entre coup d'état, tuerie de civils à Kwangju par des militaires, année d'épuration, mise en place de camps de rééducation, ... J'étais adolescente pendant les années 80 et je m'en souviens avec joie. Pour moi ils sont synonymes de fluo, de newave, de progrès technique, ... 

C'était au fond, il n'y a pas si longtemps et savoir que dans le même temps, ce pays vivait de tels tourments, un climat de violence, de peur, ... même dit avec la plus grande subtilité et pudeur, on comprend qu'elle ait mis si longtemps à évoquer cette période de sa vie.

Shin Kyung-sook est devenue écrivain comme elle se l'était promis. Elle est même une des plus grandes autrices coréennes. Elle a su profiter de sa notoriété pour mettre en lumière 

" ceux qui n'avaient pas de nom, qui étaient privés de richesses matérielles, condamnés à bouger sans arrêt leur dix doigts pour produire ... Je dois leur donner une place digne en ce monde au moyen de mots. "

Superbe livre !


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Editions Picquier
Paru pour la première fois en 1999
Traduit par Jeong Eun-Jin et Jacques Batilliot
507 pages

10 commentaires

  1. On nous assomme avec la réussite brillante de la Corée du Sud actuelle et sa technologie et ceci et cela, mais sans jamais évoquer sur quoi elle repose ! Le thème m'intéresse, il n'y a pas trop de longueurs ? (j'ai abandonné un roman coréen l'été dernier, au bout de 200 pages, ça ne décollait pas, dommage il avait aussi son intérêt. Je vais le rechercher dans ma PAL)

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    1. Il y en a quelques une contrairement à tous ceux que j'ai lu jusqu'à présent mais j'apprécie aussi ces temps longs ...

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  2. Alors là le côté autobiographique m'attirerait plutôt!

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  3. J'apprécie de plus en plus la littérature coréenne, alors je note.

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  4. Ah, je l'avais noté celui-ci dans les possibles pour ton rendez-vous coréen. Tu satisfais ma curiosité :-)

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  5. Génial ! J'ai encore un livre à lire :-)

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