Le héron de Guernica ou la nécessité de l'art pour dire la fureur de la guerre de Antoine Choplin

Pablo Picasso Guernica

Quand Antoine Choplin s'empare de l'histoire de la guerre en Espagne et notamment du bombardement de Guernica à travers le destin d'un adolescent passionné de peinture.

Paris, 1937, Basilio, jeune peintre en herbe se rend à l'exposition Internationale des arts et techniques
afin de rencontrer le grand peintre espagnol Pablo Picasso qui a peint Guernica après avoir appris l'horreur du bombardement dans la presse.
Basilio, lui, l'a vécu et veut confronter son oeuvre à celle du maître. Ainsi, à l'aide des souvenirs de notre jeune adolescent, on se retrouve dans le Guernica d'avant ; le Guernica de l'insouciance quand Basilio aimait à se perdre dans les marais afin de peindre son animal fétiche : un héron. Sa seule volonté étant alors de tenter de le rendre le plus vivant possible, cet animal, impassible et immobile mais frémissant de vie. Ainsi, non loin du pont de la Renteria, Basilio observe et pense à sa bien aimée Célestina qui travaille à l'usine de confiserie lorsqu'un premier avion le survole ...

C'est avec plaisir que j'ai retrouvé l'écriture si particulière d'Antoine Choplin. C'est à dire une écriture au cordeau sans fioritures que j'avais découverte dans son superbe : La nuit tombée. Le personnage de Basilio est attachant et c'est avec un plaisir non feint que je l'ai suivi. J'ai cependant trouvé que tous les autres personnages étaient trop peu fouillés et manquaient de consistance. J'aurai voulu en savoir plus sur ce soldat déserteur par exemple. 

Au delà de ça, il y a eu de véritables moments de grâce lorsqu'il était question d'art et de témoignage : 

"Tu vois, je me demande si toi et moi, on s’intéresse pas au même chose en fait [...] Toutes les choses qu'on ne voit pas. Tout ce qui palpite, sans figurer sur les images, ce qu'on refuse avec force et qui se refuse à nos sens premiers. Et dont on voudrait tellement témoigner pourtant. "

Le héron est un leurre au fond derrière lequel se cache l'artiste et l'empêche d'affronter la réalité première jusqu'à se transformer en témoin ou pas car au fond chacun est libre d'imaginer si Basilio aura réussi ou pas comme l'a fait Picasso à sa façon. 

Une lecture intéressante mais qui ne m'aura pas passionnée contrairement à l'oeuvre de Picasso !



Le Musée national Picasso à Paris expose depuis l'année dernière et ce jusqu'au 29 juillet 2018 Guernica afin de célébrer le quatre-vingtième anniversaire de la création de l'oeuvre considérée comme anti-franquiste, anti-fasciste et pacifiste. 

"La peinture n'est pas faite pour décorer les appartements. C'est un instrument de guerre offensive contre l'ennemi."

Ce n'est donc pas une peinture anecdotique d'une scène de guerre mais un manifeste de guerre nourrit des différents récits de témoins.

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Editions Rouergue
Date de parution : 20/08/2011
159 pages

7 commentaires

  1. J'ai lu ce titre en même temps que "La nuit tombée", et j'ai préféré ce dernier, plus intense. Mais j'ai aimé tout de même ce poétique Héron de Guernica qui évoque le chaos du monde presque en chuchotant...

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    1. J'ai préféré la nuit tombée également mais ce livre valait la peine d'être lu ... !

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  2. Il n'y a rien à jeter dans la bibliographie d'Antoine Choplin, c'est un auteur que j'adore !

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  3. Un auteur que je trouve juste dans ses romans.

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  4. Bonjour Cristie, avec ce billet tu me rappelles un excellent souvenir de lecture. J'ai eu la chance de voir l'expo Guernica ( un billet quelque part sur le blog ^-^ ), particulièrement intéressante parce qu'elle contextualise la peinture et met en évidence son universalité.

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