L'étrangère de Valérie Toranian

l'étrangère valérie toranian


Premier roman de l'ancienne directrice de Elle. Un roman poignant sur le génocide arménien qui a touché de plein fouet sa grand-mère. Une histoire de filiation, un témoignage qui ne laissent pas indifférent.


Ce qu'on peut trouver en quatrième de couverture :

" Elle tricote. Je sors mon carnet.
- Raconte-moi précisément ce qui s'est passé dans les convois ...
Plus tard ...
Je rêve de recueillir cette histoire qui est aussi la mienne et elle s'y oppose comme une gamine butée.
- Quand plus tard ?
Quand tu auras eu ton bébé. "

Aravni garde farouchement le silence sur son passé. Sa petite-fille, Valérie, aimerait pourtant qu'elle lui raconte son histoire, l'Arménie, Alep, Constantinople et Marseille. Dans ce récit qui traverse le siècle, elle écrit le roman de la vie, ou plutôt des vies d'Aravni : de la toute jeune fille fuyant le génocide arménien en 1915 jusqu'à la grand-mère aussi aimante qu'intransigeante qu'elle est devenue, elle donne à son existence percutée par l'histoire une dimension universelle et rend hommage à cette grand-mère "étrangère" de la plus belle façon qui soit.

Mon avis :

Le récit alterne entre  l'enfance de la narratrice dans les années 70 et le passé de sa grand-mère à la troisième personne. Au départ, Valérie a un peu honte de cette grand-mère arménienne, un peu ronde, ne parlant pas très bien français, obnubilée par la nourriture, ... Surtout face à son autre mamie très parisienne, blonde, impeccable adorée par son mari. Pourtant, elle se sent appartenir au clan des bouclés et aimerait en savoir plus sur cette Nanie si discrète sur son passé. Elle n'ignore pas qu'elle a vécu le génocide, ne souhaite pas la brusquer par ses questions mais avance à petits pas pour comprendre et mieux connaitre.

Le témoignage est romancé mais les mots sonnent terriblement juste et c'est un voile qui se lève sur ce qu'a pu être le génocide arménien trop méconnu. Les efforts faits par sa petite fille aidée par un historien raisonnent en nous et l'importance de savoir devient primordial.



" Ce déni d'histoire est un nœud coulant qui empêche tout Arménien, non pas de vivre, mais de respirer normalement. Etre rescapé des camps de la mort, quand on est juif, doit rendre fou pareillement, mais "on" sait de quoi on parle. Même si ceux qui l'ont vécu sont condamnés à impossibilité de le dire, et ceux qui les écoutent à une impossibilité d'appréhender avec justesse l’ampleur de l'entreprise d'extermination, il existe une compassion consensuelle face à l’innommable et à la souffrance. Dans mon cas personnel, je voyais rarement de la compassion, quelquefois de la curiosité, souvent de la suspicion ... "


Un livre à lire de toute urgence !

Editions Flammarion
Date de parution : 2015
231 pages



15 commentaires

  1. Je note, je pense qu'il pourrait me plaire !

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  2. En effet, ce thème m'est presque totalement inconnu! Je note.

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  3. Oh ! De toute urgence ?? Ok, je note !

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  4. Je l'avais noté, puis oublié ; merci du rappel :-)

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  5. Jamais entendu parlé. Mais le sujet ne peut qu'être poignant !

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  6. Une lecture toute en émotions, on dirait.

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  7. Pas gai cette rentrée, mais sans doute effectivement très intéressant. Je trouve que c'est un génocide qui n'est pas très présent dans la littérature

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  8. J'ai beaucoup aimé ce roman. J'en garde un souvenir ému.

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